Le centre national d’art et de culture Georges-Pompidou
(CNAC)
communément appelé
Centre Georges-Pompidou, Centre Pompidou ou Centre Beaubourg
et familièrement
Beaubourg
est un établissement polyculturel né de la volonté du président Georges Pompidou, grand amateur d'art moderne, de créer au cœur de Paris une institution culturelle originale entièrement vouée à la création moderne et contemporaine où les arts plastiques voisineraient avec les livres, le dessin, la musique ainsi que le cinéma.
Portrait d'un Français
Acquisition récente, ce tableau (cat. rais. n° 370) représente un personnage inconnu rencontré par hasard dans un train, que Beckmann a peint de mémoire à Francfort, au début de l’année 1933. Ce portrait est donc réalisé peu de temps après que l’artiste allemand, en raison de problèmes financiers, a été contraint de quitter Paris, où il avait loué un appartement en 1929. Depuis la capitale française, étape clé dans sa stratégie de carrière internationale, il suit l’évolution de ses collègues français et s’emploie à obtenir en toute « simplicité et clarté » une « maîtrise élégante du métaphysique » (Der Künstler im Staat, 1927).
Au début des années 1930, sa palette devient plus raffinée, sa facture plus légère et linéaire, et sa composition plus ornementale (les portraits de sa première femme, Minna Beckmann-Tube, de 1930, et ceux de Quappi, en 1932-1935, en témoignent). En dépit de ses efforts, l’accueil de son œuvre en France n’est pas vraiment enthousiaste. Ce Portrait d’un Français ne représente donc pas seulement un souvenir de voyage, mais apparaît comme une sorte de post-scriptum aux expériences françaises de l’artiste allemand, teinté d’ironie et d’une pointe de mélancolie. Il étonne en effet par son contraste entre la figure caricaturale et l’arrière-plan constitué de miroirs-fenêtres énigmatiques. Le Français moustachu, à la pose mélancolique maniérée, est assis sur un fauteuil au décor de losanges, celui que l’on retrouve sur la robe de la Femme à la voilette de 1927 de Matisse (New York, MoMA).
Le même type de décor orne également une aquarelle que Beckmann consacre en 1933 à l’écrivain français Colette. Derrière le Français, Beckmann a placé deux formes – des miroirs ou des fenêtres opaques –, emblématiques de la complexité de la profondeur spatiale, à laquelle il était très attaché. Beckmann manifeste-t-il ici sa résistance à une peinture par trop ornementale et sans mystère ?