Nature morte au panier
Chaque détail de cette «Nature morte au panier» (1888-1890) illustre l'extraordinaire technique de Cézanne : il construit un ordre qui n'appartient qu'à lui.
Le pot
Le col de ce vase, le plateau de la table et le dessus du panier sont
vus de haut et placés avec soin. On sent qu'il a le culte des objets.
Est-ce pour cela qu'il les installe devant, au plus près du spectateur? Ici, la profondeur est donnée par un certain entassement vertical des plans, sans aucun souci de réalisme: de part et d'autre de la nappe, les bords de la table ne se rejoignent pas.
Le panier
Tel quel, il ne peut pas tenir debout, et l'anse n'est pas à son emplacement logique: elle a pivoté. «Peindre, ce n'est pas copier servilement l'objectif, c'est saisir une harmonie entre des rapports nombreux.» Avec une belle constance, Cézanne tourne le dos aux lois de la perspective. D'où l'impression de mouvement qui domine la toile.
Le sucrier
Le bord massif et droit de ce qui est probablement un établi (nous sommes sans doute dans l'atelier, on devine une palette et un flacon de verre à côté) contraste singulièrement avec le tangage qui agite la petite table en dessous. Il règne sur ce premier plan une instabilité diffuse - quelque chose comme le début d'un tremblement de terre - qui fascina les cubistes.
La poire
Il assigne aux différents fruits une place précise et les observe de deux ou trois points de vue différents: il tourne autour. Et, pour leur donner une jolie forme, il les «module». Mais leur taille varie: cette poire verte est énorme par rapport à la petite jaune, à l'autre bout de la table, qui donne l'impression de vouloir sortir du tableau.
Les fruits
Lourds et charnus, ils devraient rouler sur la table inclinée.
Ici, ils défient les lois de l'équilibre. Parlant de ses natures mortes, Cézanne disait:
«J'ai trouvé une belle formule...»
Paul Cézanne,
né le 19 janvier 1839 à Aix-en-Provence et mort le 22 octobre 1906 dans la même ville,
est un peintre français, membre du mouvement impressionniste, considéré comme le précurseur du post-impressionnisme et du cubisme.
Autoportrait (1898-1900)
Né en France, il étudie la peinture à l'Académie suisse et tisse des liens avec les futurs impressionnistes.
En 1886, Zola, son ami le logue date, le prend comme modèle pour décrire un peintre raté. C'est la fin de leur longue amitié.
En revanche, il a toujours de très bon rapports avec Pissarro qu'il vénère comme un maître : il travaille deux ans avec lui mais dès 1877, il se sépare de ce mouvement.
Ses recherches font de lui le précurseur du cubisme : le dessin et la couleur deviennent indissociables de l'agencement du tableau qui s'organise de l'intérieur.