Jeune fille thrace portant la tête d'Orphée
Dans la mythologie grecque, le génie poétique et musical d'Orphée était tel qu'il charmait même les bêtes sauvages. Il eut le malheur de charmer les Ménades, qui le dépecèrent après la mort d'Eurydice pour le punir de s'être dérobé à leurs avances. Gustave Moreau prolonge le mythe en nous donnant à voir une jeune fille parée d'atours orientaux recueillant la tête du poète. Cette vierge sage veut-elle faire oublier la folie des bacchantes ?
La tête repose sur la lyre du poète, tandis que la jeune fille pose sur elle un regard mélancolique. Ces deux visages aux yeux clos qui se ressemblent étrangement, semblent absorbés dans une contemplation infinie. A l'horreur du supplice évoqué, succède cette scène apaisée qui échappe mystérieusement à la morbidité, baignée dans une lumière crépusculaire, sur fond de paysages fantastiques à la Léonard. La composition oblique rappelle une carte à jouer, où les musiciens du coin supérieur gauche font écho en bas à droite aux tortues, dont la carapace avait, selon le mythe, servi à fabriquer la première lyre.
Gustave Moreau
né à Paris le 6 avril 1826 et mort le 18 avril 1898,
est un peintre symboliste français dont le travail met principalement l’accent sur l'illustration de figures bibliques et mythologiques.
Trouvant le succès à partir de 1880, il fut élu en 1888 à l'Académie des Beaux-Arts et enseigna à l'école des Beaux-Arts de Paris à partir de 1892.

Autoportrait (1850)